Limogeage du maire à Nagreongo : « Le ministère de l’administration a voulu s’autosaisir et appliquer manu militari cette façon de limoger les maires… » Bambingnélé OUEDRAOGO, militant du RPI et proche du maire.

Les populations de la commune rurale de Nagreongo dans l’Oubritenga ont manifesté ce 11 mai contre ce qu’elles appellent ‘’destitution du maire’’ par le ministère de l’administration territoriale. En effet c’est le conseil des ministres en sa séance du 21 avril qui avait décidé du limogeage d’un certain nombre de maires dont celui de Nagreongo, Maitre Herbé KABORE. Selon nos informations, on l’accuse d’avoir gardé son poste de maire après avoir quitté le parti politique qui lui a permis d’y accéder : élu maire sous la bannière du MPP en 2015 et 2020 élu député sous le compte du RPI, un autre parti. Pour mieux comprendre savoir ce que réclament les protestataires, nous sommes allés ce 12 mai à la rencontre de Bambingnélé Philippe OUEDRAOGO, militant du RPI, parti du député-maire de Nagreongo et également protestataire de cette décision.

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Yirimédia : Hier 11 mai les militants de votre parti, le rassemblement patriotique pour l’intégrité (RPI) à Nagreongo ont protesté contre un ‘’probable limogeage ‘’du maire de la commune, qu’en est-il exactement ?

Bambingnélé Philippe OUEDRAOGO, militant du RPI.

Bambingnélé Philippe OUEDRAOGO (B.P. O) : En réalité cela été provoqué par une décision du conseil de ministres en date du 21 avril 2021.Suite à ce conseil de ministres il y a eu une note qui a été envoyée aux gouverneurs, hauts commissaires et aux préfets datant du 27 avril 2021 demandant à ce que ces autorités-là puissent adresser des correspondances à des élus locaux. C’est-à-dire des maires et conseillers régionaux dont on qualifie de nomades politiques, pour qu’ils laissent leurs places au profit d’autres personnes. Parce que selon eux et selon le code électoral, pour les gens qui se seraient élus sous la bannière d’un parti et qui aujourd’hui ont battu campagne lors des élections passées au profit d’un autre parti, doivent normalement laisser leurs mandats. Donc les populations naturellement ont désapprouvé cette façon de faire, surtout que le ministère de l’administration territoriale n’est pas la structure habilitée à déchoir des élus locaux.

Yirimédia : Le ministère des libertés publiques s’est basé sur des textes pour leur demander de libérer leurs fauteuils, pourquoi vous au lieu d’emprunter les voies des juridictions, vous aviez préféré celle de la rue ?
B.P.O : Ecoutez, il est dit clairement que le ministère de l’administration territoriale a demandé effectivement conseil auprès du Conseil d’Etat, qui est normalement un peu cet arbitre sur ces questions. Et le conseil d’Etat a fait savoir que par rapport au nomadisme politique, il y a un vide juridique. Et à partir du moment qu’il y a un vide juridique, on ne peut pas forcer les choses. Malgré les sages conseils du Conseil d’Etat, le ministère de l’administration a voulu s’autosaisir et appliquer manu militari cette façon de limoger les maires. Au-delà d’être militants d’un parti politique, nous en tant que citoyens on ne peut pas le concevoir, comme la population l’a dit ce n’est pas le gouvernement qui impose le maire, ce sont les populations qui élisent le maire. Ne serait-ce que par respect pour cette même population, on devait prendre en compte ses aspirations. Surtout pour une commune comme Nagreongo ou vous savez que le développement est au rendez-vous, la commune a eu plusieurs prix au regard de l’engagement du premier responsable (Herbé KABORE : NDLR), qui est travailleur. On n’a pas besoin de polémiquer là-dessus.

Yirimédia : Mais est-ce que les acquis du maire peuvent justifier que l’on foule aux pieds les textes ?
B.P. O : je pense qu’en termes d’application des lois au Burkina, notre gouvernement n’est pas un bon élève. Il ne peut donner la leçon à personne. On en connait encore des décisions judiciaires qui ont été foulées des pieds par ce même gouvernement. Par rapport à la question du nomadisme politique que le gouvernement brandit pour demander à ce que des maires soient déchus, je suis désolé mais il y a un vide juridique. On ne peut pas utiliser un gouvernement, une administration pour faire pression à des adversaires politiques.

Yirimédia : Ces décisions visent à moraliser la vie, disent-ils, est ce que vous en tant que militant, vous admettez quelqu’un cumule deux fonctions politiques différentes de deux partis différents ?
B.P.O : Moi je vous ai dit il y a une chose qu’il faut qu’on accepte. La première chose est que pour la question de nomadisme politique il y a un vide juridique, puisque les gens veulent qu’on parle sur la base des textes. Je pense que si des partis politiques se sentent brimés, ils saisissent le Conseil d’Etat qui se prononce. Et ce moment lorsqu’une juridiction compétente prononce la sentence, on serait tous obligés de suivre mais à partir du moment que ça n’a pas été prononcée par une juridiction, on est désolé, pour le moment on s’en tient à notre contestation.

Yirimédia : Revenons à la protestation, quelles sont donc vos principales revendications ?
B.P.O : Premièrement je pense que selon les normes de la décentralisation, on a donné quitus, tout le pouvoir à la population au niveau de la base de choisir leurs élus qui pourraient travailler à combler le manque à gagner, l’Etat lui-même n’arrive pas à combler. À partir du moment ou une population choisit unanimement une personne pour conduire son destin à la base, je pense qu’il appartient au gouvernement de travailler de sorte à ce que ces personnes-là soient dans les conditions. Il n’y a pas longtemps, l’Assemblée Nationale a prononcé l’ajout d’un an de mandat au niveau des collectivités territoriales pour qu’on puisse conduire dans la continuité l’action des collectivités. Si on voyait que c’était inutile, on allait mettre des délégations spéciales, parce qu’on pense que c’est nécessaire, que l’Assemblée a voté unanimement. Pendant qu’on est dans cette logique, il est inconcevable qu’on vienne pour un peu chambouler toute cette dynamique de développement là.

Yirimédia : Dans les jours à venir si votre appel n’est pas entendu, quelles seront les actions vous allez entamer ?
B.P.O : Nous pensons que la population, les citoyens à la base ont déjà fait entendre leur voix de la manière la plus forte possible. Je ne pense pas que sur ce point ils ont été manipulés par qui que ce soit. La preuve hier à Nagreongo même les déplacés internes ont exprimé leur ras le bol. Je pense réellement que la fonction du maire n’est pas une fonction nominative mais une fonction élective et le dernier mot revient à la population à la base de vouloir qui les gouverne.

     Le citoyen

Un commentaire sur « Limogeage du maire à Nagreongo : « Le ministère de l’administration a voulu s’autosaisir et appliquer manu militari cette façon de limoger les maires… » Bambingnélé OUEDRAOGO, militant du RPI et proche du maire. »

  1. C’est si difficile pour un militant RPI d’être honnête et d’avoir une once de dignité ? Tu veux garder un mandat d’un parti que tu as quitté et que tu combats désormais ? Ne confondez pas vos personnes à votre parti. Cela, l’ancien maire de Nagreongo le sait bien, lui qui est juriste.

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