Portrait : Boureima SAWADOGO, un leadership construit dans l’humilité

Boureima SAWADOGO  plus connu sous le pseudonyme, de l’homme de la paix. Il est celui en qui le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim TRAORE a porté sa confiance en le nommant chargé de mission de la région du Plateau Central auprès de la présidence du Faso. Il est par ailleurs l’actuel président du Conseil régional de la Jeunesse du Plateau Central. Aujourd’hui chargé de mission, il est ce jeune-là qui a su bâtir son leadership dans l’humilité.Portrait

Boureima Sawadogo, devant la salle des banquets de Ouaga2000 après les travaux des assises Nationales le 26 mai 2024.

Dans un silence dont lui seul a le secret il a pu construire un leadership qui force aujourd’hui le respect de tous. Le fils du village de Ipalla dans le Sanmatenga n’est pas devenu leader par hasard, il a su surmonter les difficultés les plus ardues. Avant d’être appelé par les plus hautes des autorités, pour exercer au poste de chargé de mission, Boureima a toujours été ce chef respecté et suivi par ses militants ou encore ses filleuls. Et pour les grandes cérémonies dans la ville de Ziniaré, l’on se réfère systémiquement à prési (C’est ainsi qu’il est appelé dans le milieu jeune) pour réussir la mobilisation sociale, bénéficiant ainsi de sa légitimité. Beaucoup de ceux avec qui, il partage ses moments sont ses cadets d’âge, malgré tout, ils bénéficient tous de leurs soutiens  et loyauté. Il fait vraiment preuve d’une humilité qui frôle l’inimaginable. Le sang-froid, la courtoisie, le sens d’écoute, ce sont là des qualificatifs que beaucoup avancent quand ils décrivent moralement le président de la jeunesse du Plateau Central. Parlant de sa retenue, Abdoul Ouahab DIALLA, un de ses compagnons témoigne : « Vous savez, nous, les jeunes avons du mal à nous maîtriser face à certaines situations. Mais Boureima est unique, ce qui me plait chez lui c’est sa capacité à rester calme en toute circonstance. C’est une qualité rare et précieuse »

Saidou KAFANDO est un de ses plus proches collaborateurs au sein du Conseil régional de la Jeunesse/Plateau Central, et aussi président de la délégation spéciale de la commune de Dargo dans le centre Nord. « J’ai connu Boureima SAWADOGO en 2018 », nous informe Saidou KAFANDO. Il prend une gorgée d’eau avant de poursuivre. « L’humilité ne lui fait jamais défaut. Il n’hésite pas à demander l’avis des autres et sollicite souvent ma contribution sur les sujets qui relèvent de mon domaine. Il est toujours prêt à se faire assister », a-t-il fait savoir. On dira que notre ancien talibé s’est fait petit et la vie l’a rendu grand pour paraphraser ainsi Luc 14 Verset 11 dans la bible où il est écrit : « Quiconque s’abaisse sera élevé. » Aujourd’hui il parle à l’oreille des hautes autorités du pays, il gère des projets à l’ONG AIDE Burkina,il est membre de la délégation spéciale, il a été distingué de médaillé d’honneur des collectivités. On dira tout simplement que son tableau de chasse est bien garni.

« Le jeune militant associatif d’hier »

Il est une personne qui se donne toujours du temps pour tracer son chemin, et le milieu associatif ne fait pas l’exception chez lui. Son engagement dans le milieu associatif remonte à 2010, l’homme  à la casquette faisait ses premiers pas avec le GASCODE, une association qui travaille dans le domaine de la santé communautaire. On ne mettra pas du temps à déceler sa propension à vouloir aider les autres, les responsables de l’association le désignent comme « paire-éducateur ». Depuis lors il ne ressortira plus de ce monde que sont les associations, son esprit de don de soi ne fait que croître. Il adhère rapidement aux organisations telles que la CAMOJO et le mouvement SAP, qui étaient les organisations en vogue de l’époque.

C’est donc pierre après pierre qu’il a construit son ascension dans le milieu associatif jusqu’à occuper le poste de secrétaire général du Conseil régional de la Jeunesse du Plateau Central en 2018. Il a pu se faire élire sans grande difficulté au poste de président du conseil régional au mandat qui a suivi c’est-à-dire en 2021. Le premier des jeunes de la région, est employé à l’ONG AIDE Burkina en qualité de coordonnateur de projet. Ce qui fait la force de Boureima SAWADOGO au-delà de ses titres et de ses postes de responsabilités, c’est son caractère empreint de sagesse et d’humilité. Toutes ces valeurs d’humilité, d’homme de consensus ont été forgées par les dures épreuves qu’il a traversées.

« Les souvenirs douloureux de l’enfant talibé »

Le nouveau chargé de mission au compte du Plateau Central est un homme beaucoup calme, qui ne s’empresse guère. Cette attitude de retenue et de prudence pourrait tirer son explication des épreuves qu’il a traversées à son enfance. « L’enfant est le père de l’homme », une thèse du philosophe allemand Sigmund Freud. En effet, dès l’âge de six ans le petit SAWADOGO a été séparé de ses parents et envoyé à plus de 200 kilomètres de son village pour des études coraniques. « J’ai débuté mon enfance très loin de mes parents et dans une communauté étrangère », nous apprend notre ancien talibé. Comme si l’épreuve de l’isolement ne suffisait pas, il sera battu par son maitre coranique jusqu’à la perte temporaire de la vue. Et la raison était simple : il n’avait pas pu citer un verset qu’il lui avait appris auparavant. Aux dires de notre interviewé, ce fut une période troublante et douloureuse pour l’enfant qu’il était. Visage impassible ; ton subitement bas, président SAWADOGO nous lâche dans un air de tristesse :« J’ai été bastonné jusqu’à ce que je devienne complètement aveugle ». Yeux embués de larmes ; la voix nouée, l’enfant prodige de Ipalla peine à poursuivre le fil de son récit. Il nous a fallu de la patience pour qu’il se ressaisisse, avant de lui demander de nous narrer la suite de ses déboires. Les souvenirs restent douloureux pour celui qui a quitté sa tendre mère dès l’âge de six ans. Quelques temps après, il parvient à étouffer habilement le sanglot avec sa paume gauche.

Battu et abandonné à lui-même, il n’avait personne pour le laver ou nettoyer les plaies provoquées par les bavures. L’enfant talibé fut mis en quarantaine avec un corps qui puait. La voix presque inaudible, une gorge asséchée obstruant le passage de la parole, il se confesse en ces termes :« Personne ne voulait sentir mon odeur ni même manger avec moi ». Puisqu’il était trempé de sang et de sueur. Ce karamogho (maitre coranique en Dioula) était loin de refléter la miséricorde qu’enseigne l’islam et foyer coranique était plus proche d’un centre de torture pour enfant qu’un cadre d’apprentissage. «…Parce que mon maître me confiait des tâches plus lourdes que moi », regrette -il.

Malheureusement, les séquelles de ces sévices infligés le suivront toute sa vie et le mettent mal à l’aise à certains endroits. Aujourd’hui sa main droite ne peut pas complètement se plier à souhait, cela est dû à du feu qu’on l’avait obligé tenir. En dépit de ses souffrances, Boureima trouve que cette étape difficile de son enfance lui a été aussi profitable. L’enfant de Ipalla a trouvé l’énergie nécessaire de transformer ces épreuves en leçons de vie, cultivant la patience et la compassion qui fondent aujourd’hui ses actions. « Cela a été aussi une formation pour moi. Aussi, avec les enseignements que nous avons reçus en tant que mendiant, j’ai compris que pour apprendre il faut être sage et très patient. », témoigne le désormais Chargé de Mission. Avant de poursuivre : « Par exemple un mendiant classique n’entre pas dans une maison pour quémander mais reste à la porte. Ce sont des comportements que j’ai gardés »

« La recherche de la paix, le combat de sa vie »

Très Connu dans les milieux associatifs, le premier jeune de la région du Plateau Central reflète l’image de la colombe annonciatrice de la paix. Notre ancien-pensionnaire du foyer coranique est devenu aujourd‘hui un partisan de la non-violence et un ardent défenseur de la paix. Il a fait de cette quête de paix, le combat de sa vie. Mais bien avant de faire de la promotion de la paix, son sacerdoce, il a pris le soin de se former en gestion des conflits en 2014. Car qui veut voyager loin prépare sa monture. Et tout le monde est témoin de sa contribution dans la recherche de la paix au Plateau Central. En vrai apôtre de la cohésion sociale, il utilise son compte Facebook pour prêcher la paix, le dialogue et la tolérance. Nous nous sommes amusés à parcourir ses publications sur le méta et le constat qu’on a pu faire est qu’il conclut toutes ses publications par la formule sinon la prière suivante : Vive la PAIX. « À partir de 2016 jusqu’aujourd’hui j’utilise mon compte Facebook pour la promotion de la paix. C’est ainsi que j’ai été contacté en 2021 pour être reconnu ambassadeur de la paix à ma grande surprise », a-t-il indiqué. Actuellement agent à l’ONG AIDE Burkina, le partisan de la non-violence conduit avec beaucoup d’engagement les activités de promotion de la paix portées par l’organisation. Notre homme de la paix sera distingué ‘’Ambassadeur de la paix ‘’ par la Fédération universelle de la Paix en 2021 pour toutes ses actions.

« Pour toucher les étoiles, il faut savoir voler », nous dit le rappeur français SOPRANO. Et nous le paraphrasons pour dire que le nouveau Chargé de Mission est dans la cour des grands.

Jacob OUEDRAOGO et Alassane OUEDRAOGO

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