Depuis 1960, les pays africains, autrefois sous le joug colonial, ont accédé à leur indépendance. Le 5 août 1960 marque la date à laquelle la Haute Volta a obtenu sa souveraineté nationale. Soixante-trois ans plus tard, quelles sont les conclusions ? Des citoyens de Ziniaré se sont exprimés au micro pour donner leur avis. Lisez !
La question de l’authenticité des indépendances africaines se pose toujours avec acuité soixante-trois ans après. De nombreux observateurs estiment que nos indépendances demeurent plus verbales qu’effectives, voilées par des dirigeants au service des anciens colons. En termes de bilan, celui-ci reste mitigé selon Adama SAWADOGO, professeur agrégé d’histoire-géographie : “Après l’euphorie des indépendances en 1960, il est difficile de se réjouir de ces événements car si nous avons acquis une indépendance politique, nous n’avons pas encore atteint l’indépendance économique. Sur le plan économique, les anciennes puissances coloniales maintiennent toujours une influence prépondérante, entravant ainsi notre développement”, a-t-il souligné. L’indépendance demeure essentiellement théorique car les anciens colonisateurs continuent de s’ingérer dans les affaires intérieures de nos pays africains, a confirmé Simon YERBANGA : “Le bilan est déplorable plus de soixante ans après car les anciens colonisateurs, en particulier la France pour les pays de l’AOF, ont systématiquement placé des marionnettes à la tête de nos États afin de servir leurs intérêts aux dépens de leurs concitoyens. Durant la dernière décennie, ils ont même accru ce contrôle en alimentant le terrorisme. Le bilan soixante-trois ans après est donc médiocre“, a-t-il déploré. Malgré les années écoulées depuis les indépendances africaines de 1960, nos États demeurent largement sous l’emprise des anciennes puissances coloniales, qui ont conservé leur domination dans divers domaines. “Notre indépendance était en grande partie théorique, uniquement sur le papier. Dans la réalité, nous sommes toujours sous la domination économique, culturelle et politique des anciennes puissances coloniales“, indique Idrissa Guira, professeur agrégé d’histoire.
Les réalisations de nos États depuis les indépendances à nos jours.
Malgré la poursuite de l’influence occidentale sur nos États, certaines avancées notables ont été accomplies. “Depuis 1960, nous sommes des pays souverains. Les États africains ont progressé de l’autonomie à l’indépendance, ce qui constitue une avancée significative. Nous avons également vu l’émergence d’une élite intellectuelle qui joue un rôle actif dans la vie politique de nos pays”, a souligné Adama SAWADOGO. Des gains également partagés par Idrissa Guira : “L’héritage est considérable, surtout avec l’avènement de la démocratie. Depuis 1956, avec la loi-cadre, le suffrage universel est le seul moyen légitime d’accéder à la magistrature suprême”, a-t-il ajouté.
Que faut-il faire pour se libérer définitivement du joug colonial ?
Ces dernières années, les mouvements panafricains ont réussi à promouvoir le nationalisme parmi de nombreux Africains. De plus en plus de voix s’élèvent pour exiger le retrait des colonisateurs de nos territoires. Pour Adama SAWADOGO, les voies de notre libération sont en train d’être tracées par les jeunes au pouvoir. “Les étapes de notre libération sont déjà en cours, indiquées par nos jeunes dirigeants. La suite consiste à unir nos États, car les puissances coloniales ont réussi à semer la division parmi nous et à corrompre certaines élites. Nous souhaitons bonne chance aux jeunes dirigeants qui travaillent à l’unité et à l’intégration. Sans cette union et cette intégration, notre développement demeurera entravé“, a-t-il martelé. La responsabilité de cette lutte incombe à la génération actuelle, qui doit perpétuer le combat entamé par nos prédécesseurs, comme l’affirme Idrissa Guira, professeur agrégé d’histoire : “La génération actuelle doit comprendre que le combat pour la libération, initié par nos prédécesseurs, doit être perpétué par notre génération”.
Jacob Ouedraogo