Politique et relations internationales: Quand Dr Ousmane BOUGOUMA met au défi la francophonie ?

Le 3 avril dernier, le Président de l’Assemblée Législative de la Transition (ALT) du Burkina Faso, Dr Ousmane Bougouma, a séjourné au bord de la Lagune Ébrié dans le cadre de la 14e session de la Conférence Afrique de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie. Lors de cette rencontre, un fait a retenu notre attention : l’intervention du PALT face à ses pairs. De ce discours, que retenir ?

D’emblée, sans langue de bois, le fils de Matté dans l’Oubritenga a clairement décrit la situation socio-politique que traverse notre pays ces dernières années. Il s’est fait le devoir de rappeler que notre pays a connu six présidents de 2014 à 2022, ce qui a eu des conséquences sur la vie des Burkinabè.

Avec la crise sécuritaire qui s’est greffée à partir de 2016 à cette instabilité institutionnelle, il semble que les problèmes du pays se sont décuplés. Une grande partie du territoire est occupée par des groupes armés terroristes, avec des estimations qui donnent 40 % du territoire hors du contrôle de l’État, ce qui entraîne des conséquences graves.

Sur le plan humanitaire, la situation n’est guère reluisante. On pourrait même parler de drame humanitaire dans certains endroits du pays, dont l’accessibilité pose problème du fait de l’action terroriste, et cette situation ne facilite pas le ravitaillement de ces zones en produits de première nécessité.

Nonobstant ce contexte assez critique, nombre de nos partenaires semblent avoir d’autres priorités pour les Burkinabè, notamment l’organisation des élections et le retour rapide à un ordre constitutionnel normal. À les entendre, le pays n’aura son salut que dans un ordre constitutionnel normal. Mais qui mieux que ce spécialiste et praticien du droit peut parler de l’importance de la normalité constitutionnelle ?

Il faut rappeler que le président du parlement burkinabè est un professeur de droit à l’Université Thomas Sankara. Alors, quand reviendra-t-on à l’ordre constitutionnel normal ? Quand auront lieu les élections ?

La francophonie, pour être à la fois crédible et audible dans un tel contexte, se doit d’apporter son soutien à l’État burkinabè plutôt que de donner des injonctions. D’ailleurs, le Président de l’Assemblée Législative de la Transition est on ne peut plus clair sur ce point : « Lorsqu’un pays est confronté à des difficultés pareilles, il est indiqué de venir comprendre quelles sont ses difficultés, comment on peut apporter des soutiens au lieu de rester à distance et de donner des ordres ». La meilleure manière d’aider un peuple en détresse est de s’imprégner de ses réalités afin d’apporter des solutions idoines.

S’adressant à ses homologues, Dr Bougma a déclaré : “Si vous voulez comprendre la situation au Burkina Faso, envoyez une mission dans notre pays et avec les moyens de notre pays, je vous conduirai à Arbinda, à Kelbo, à Barsalogho, ...” Cette invitation est une opportunité offerte à la francophonie, qui doit désormais savoir la saisir si elle souhaite apporter une aide en accord avec les aspirations de nos autorités actuelles. On voit clairement que le professeur de droit met au défi cette organisation régionale.

Comme les autres organisations sous-régionales et internationales, la francophonie doit accompagner les efforts des États membres et être solidaire des évolutions en cours pour trouver une issue heureuse aux crises. En réalité, pour ces organisations et les pays membres, venir en aide à un État en crise comme le nôtre, c’est également préparer sa propre survie. Un proverbe africain nous enseigne utilement que : “Quand la case de ton voisin brûle, hâte-toi de l’aider à éteindre le feu de peur que celui-ci ne s’attaque à la tienne”.

En fin de compte, ce qui est urgent pour nos compatriotes, c’est la sécurité, ainsi que les solutions appropriées à la question humanitaire. Tant que ces problèmes ne trouveront pas de solution, il ne sera pas possible de parler de retour à un ordre constitutionnel normal.

Vive la paix au Burkina Faso !

Benjamin Dakuyo, philosophe et professeur certifié des lycées et collèges.

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