Le lundi 20 février 2023, le tribunal de grande instance de Ziniaré a procédé à l’audition des prévenus du dossier sur l’effondrement survenu lors de la construction d’un bâtiment sur le site de l’aéroport international de Donsin. Etaient à la barre, le groupement GCEB SAS et COGEA international SA représentés par leurs directeurs généraux respectivement M. Dieudonné Soudré et M. Lamine Yahouri.
A l’ouverture du procès, le président du tribunal a rappelé aux prévenus les faits qui leur sont reprochés. Au nombre de dix, chacun d’eux ne reconnait pas les faits qui lui sont reprochés. « Je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés », c’est la phrase qui était dans toutes les lèvres des prévenus. L’Etat burkinabè représenté par l’Agent judicaire de l’Etat ne reconnait pas les faits notamment poursuivi pour n’avoir pas fourni « les ressources nécessaires en temps opportun pour la construction » et ayant autorisé « la poursuite des travaux de contrôle malgré la suspension du marché de contrôle au groupement MEMO ingénierie et EXCEL ingénierie. »
Après une courte pause, le tribunal donne la voix aux avocats de la défense qui interjettent des exceptions. Me Régis Bounkoungou demande au tribunal de « déclarer nuls et irrecevables le rapport du Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics(LNBTP) et le rapport de l’Ordre des ingénieurs en génie civile du Burkina Faso. » Pour la défense, ces deux documents contiennent des irrégularités, dans le fond et la forme. « Nous estimons qu’il y a incompétence de la personne même ayant commandé le rapport » se défend la partie défense à propos du rapport du LNBTP. Le rapport de l’ordre des ingénieurs « n’a pas été signé » et n’est pas valable juridiquement estime la défense. Et la partie civile de rétorquer que « le rassemblement des preuves fait partie du rôle de l’officier de la police judiciaire » et déclare le rapport recevable.
« je pense que la défense voudrait qu’on ne sache pas ce qui s’est passé à la fin » indexe le parquet à la défense, qui rejette la balle en ces termes : « nous nous sommes attachés au droit, nous n’avons pas l’intention de cacher la vérité .» En fin de décision sur ce débat, le tribunal « a décidé de rejoindre les exceptions au fond », c’est-à-dire que les exceptions soulevées par la défense seront décidées finalement à l’issue des débats.
Deux prévenus à la barre
Le groupement CGEB SAS et COGEA INTERNATIONAL SA sont appelés à la barre pour expliquer la manière dont le marché a été obtenu, sa réalisation et le type de bâtiment devant être érigé.
COGEA INTERNATIONAL SA représenté par son directeur général dit ne pouvoir pas aller au-delà du volet financier car affirme-t-il « le volet technique revient à CGEB SAS dont le responsable est M. Soudré Dieudonné » et par ailleurs le chef de file devant réaliser le bâtiment au nom de tout le groupement. Chose que le responsable de GCEB reconnait. Le marché a été contracté par le groupement et son exécution revient à celui-ci.
Se référant à l’une de ses déclarations à un journal de la place, la partie civile demande des explications au premier responsable de COGEA. Pourquoi avait-il été surpris ? Et à propos du « soutien gratuit », qu’en est-il vraiment ? « Je pensais même qu’il avait déjà fini les travaux…je lui ai apporté mon soutien pour que le marché soit bien exécuté. Je ne m’attendais rien de lui ; C’est pourquoi je n’ai jamais mis le pied sur le chantier parce que c’est lui qui devait être sur le terrain » répond-il.
Cette phase de généralités pourrait poursuivre le jour suivant s’il y a nécessité. Il s’agissait de questions d’ordre général aux entreprises tributaires du marché d’exécution, des questions sur lesquelles le tribunal n’a pas donné quitus de défendre pour cette journée d’audience. Les auditions se poursuivront ce mardi 21 février à 9h.
Issa Sidwayan