Trafic routier dans le Plateau central: Donsin-Ziniaré impraticable.

Le trafic routier Donsin-Ziniaré connait des perturbations. La faute à une voie en dégradation continue. Parfois sous le regard des autorités régionales, la voie reliant Donsin, village abritant le nouvel aéroport du Burkina Faso, au chef-lieu de la région connait des perturbations. Si la voie est bitumée du Centre-ville au sanctuaire à l’occasion du 11 décembre 2021 qui n’a jamais eu lieu dans la région, ce n’est pas le cas pour le reste. Des traverses, des nids-de-poule imposent leurs lois aux usagers. Constat.

Les infrastructures routières sont primordiales pour le développement économique d’un pays. Elles doivent faciliter la libre circulation des biens et des personnes. L’état de la route Donsin-Ziniaré ne favorise pas le développement de la localité. 

Jeudi 22 juin 2023, il est 16h07 minutes. L’ambiance est vive dans cet après-midi sur la voie. Des commerçants, sur des motos, parfois des véhicules de transport se dépassent. C’est un nuage de poussières qui se dégage derrière les vrombissements des moteurs. Nous descendons le bitume pour emprunter la piste. Premier obstacle, le dos d’âne qui regarde nez à nez le bitume s’est transformé en une retenue d’eau. Les cailloux utilisés lors de sa réalisation font office désormais de piste. Le mot d’ordre, rouler là-dessus ou contourner. En l’absence d’eau, ce sont les cailloux utilisés pour sa fondation qui accueillent les usagers. Certains usagers, sans crainte, empruntent dangereusement le béton d’une épaisseur de trente centimètres, servant de limite au dos d’âne. 

La route connait une détérioration avancée marquée par l’érosion et les flaques d’eau. Des écoulements transversaux coupent la voie en morceau. La voie impose son rythme à tous les usagers. Automobilistes, motocyclistes sont obligés de s’aligner en rang d’oignons. Difficiles sur certaines parties de se croiser tout en roulant. Avec une largeur d’au moins sept mètres, la voie est réduite à trois mètres sur certaines parties et à zéro pour d’autres. Mieux, ce sont des nids de poule qui s’imposent. Aucune urgence, quelle que soit sa nature, n’est acceptée sur cette voie. Les saccades sont récurrentes tout au long de la voie. 

Des trous béants sur la route.

 Nous marquons un arrêt avant le village de Tamassa. Ici, on penserait à un marigot ou une oasis. Les eaux empêchent tout passage. Seuls les véhicules de poids lourds forcent le passage. En l’absence des humains, ce sont les animaux qui viennent s’abreuver à l’image d’un marigot dans un village. Les usagers créent un contournement pour éviter les eaux. Mais le passage est aussi risquant. Raymond Sussongo, chauffeur de tricycle et transporteur, se démène pour sortir d’un trou avec ses passagères. D’un air frustré et désespéré, il nous raconte son quotidien sur cette voie. « Moi je transporte des passagers et du matériel. Chaque jour, je souffre énormément. La distance n’est pas longue, mais on met beaucoup de temps pour arriver à destination. Comment peut-on développer la zone si on n’a pas de voie pour circuler ? Comment peut-on développer nos petites entreprises si les gens ne circulent pas ? Vous voyez, pour rouler ici il faut éviter de manger beaucoup, sinon tu vomis tout. Que les autorités régionales jettent un coup d’œil sur l’état de la voie. On sait que ce n’est pas facile dans un contexte de crise, mais il faut aussi réparer tout, sinon c’est la faim maintenant qui va nous tuer tous.»

Comme lui, madi Ouedraogo, ressortissant de Tamassa et usager de la voie exprime son désarroi. « La voie est vraiment impraticable. Pour le moment on se débrouille. Mais dans peu de temps, les eaux vont l’envahir toute. Vous voyez déjà ici, on est obligé de contourner. De notre dame de paix à Donsin, on ne peut vraiment pas circuler. Beaucoup d’usagers ont préféré prendre la voie passant par Bogodo, pour rallier la ville. Lorsqu’il y a une urgence, on ne peut pas rouler. La nuit c’est pire. Beaucoup de gens sont tombés, surtout ceux qui empruntent la voie pour leur première fois la nuit. Il faut que les autorités agissent. 

Pendant la saison pluvieuse de l’année dernière, moi j’ai appelé à plusieurs reprises de venir m’aider. L’eau a envahi les lieux, et je ne savais pas comment faire. C’est très dangereux de circuler sur cette voie. »

“…moi j’ai appelé à plusieurs reprises de venir m’aider. L’eau a envahi les lieux, et je ne savais pas comment faire. C’est très dangereux de circuler sur cette voie. »madi Ouedraogo, ressortissant de Tamassa

Les camions du chantier de l’aéroport de Donsin point du doigt.

Les usagers sont convaincus d’une chose. Les camions transportant des agrégats pour la construction de l’aéroport de Donsin ont contribué fortement à la dégradation de la voie. « Les entreprises travaillant à l’aéroport ont fortement contribué à la dégradation de la voie. Nous avons cru qu’elles allaient nous aider, parce que leurs camions transportent des agrégats pour passer ici. Mais voilà que ce sont ces camions qui ont contribué à la dégrader plus, mais ne font rien pour réparer. Il faut qu’elles revoient cela » fustige Madi Ouédraogo. Même son de cloche avec Raymond Sussongo. « J’en veux aussi aux gros camions, poids lourds qui passent ici tous les jours. Ils ne veulent pas arranger la voie. Alors qu’ils sont les premiers à la détruire. Il faut changer tout cela » s’explique-t-il. 

Raymond Sussongo espère un secours de la part des autorités “afin de lever ce blocus.”

Si ces usagers pointent du doit les camions, d’autres relativisent et rejettent la faute aux autorités et à certains citoyens. C’est le cas de Mahamoudou Tiendrebeogo, habitant de Oubryaoghin et usager : « Cela fait plus de cinq ans que la voie a été bien aménagé, mais elle s’est vite dégradée. Au moment de la construire, ils n’ont pas prévu de canalisation. Donc quand ils ont fini, l’eau a envahi la voie et a raclé toute la terre mise dessus. Voici son état aujourd’hui. On a du mal à circuler sur cette voie. »

La voie est en état de dégradation continu, et les risques s’accentuent avec la saison pluvieuse. Des dégâts sont déjà enrégistrés sur la voie. Selon plusieurs témoignages, un véhicule transportant des casiers de bière a vu plusieurs de ses bouteilles cassées au moment de contourner un nid-de-poule. Des traces d’enfoncement de camions sont toujours visibles sur la voie. 

Les évacuations sanitaires dans la localité connaissent des difficultés dû à l’état défectueux de la route.

Dans cette vidéo, …Zongo, Médécin chef au dispensaire de Donsin nous témoigne les difficultés des évacuations sanitaires des patients rencontrées sur la voie.

VIDEO: https://fb.watch/lpkVAnceOt/?mibextid=Nif5oz

Des tentatives de réparation.

Afin de continuer le trafic, ce sont des jeunes enfants qui tentent parfois, avec des brouillettes et des pelles pour redonner un nouveau visage à la voie. Mais devant la taille du problème et le manque de soutien, les initiatives de réparation tombent à l’eau. A Goué, devant l’inaction des entreprises et des autorités, ce sont les jardiniers qui ont fait des cotisations pour payer de la terre afin de remettre à l’état la voie sur le barrage. A Donsin, les jeunes se sont mis en association pour réparer la voie reliant le village à son dispensaire. Des particuliers tentent bien que mal de participer à rendre praticable la voie en déversant de la terre et des débris de décombre de leurs maisons cassées sur la voie pour boucher certaines fosses. Mais que faire une simple pelle devant l’immensité de la dégradation de la voie longue d’une dizaine de kilomètres ? 

 Si ces dernières semaines une machine a donné un coup de pelle pour délimiter les bordures et créer des points de passage d’eau, la situation reste alarmante.

Les entreprises ne veulent pas contribuer

La problématique a été l’objet d’un conseil entre les conseils villageois de Donsin et de Goué. Selon Marius Compaoré, président du Conseil villageois du développement (CVD) de Donsin, une demande contribution a été adressée aux entreprises travaillant au chantier de l’aéroport de Donsin, mais aucune suite. A l’en croire, la question des voies a été soulevée lors du dernier conseil communal avec les autorités communales, mais des voies concernant celles qui relient le village de Donsin à la commune de Loumbila. 

En décembre dernier, des rumeurs selon lesquelles les CVD avaient interdit aux camions d’emprunter les voies pour rallier l’aéroport. Marius Compaoré dément l’information et appelle la population à la responsabilité. 

Un extrait de son interview dans cet audio. 

AUDIO:https://fb.watch/lqxRfQb5sL/?mibextid=Nif5oz

Le village de Donsin abrite le nouvel aéroport du Burkina Faso. Cependant, le village souffre d’un réseau routier sans précédent. Si des projets d’aménagement routier sont en cours pour désenclaver la localité, il est urgent d’agir sur la voie la reliant au chef-lieu de la province pour lever le blocus qui entrave la circulation des biens et des personnes. 

Issa Sidwayan TIENDREBEGO

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