Football : « Le côté négatif du football burkinabè en 2022, c’était la crise au sein de la FBF », Moussa Ramdé journaliste sportif.

Moussa Ramdé est le directeur de publication du journal en ligne CS Média. Il est un journaliste sportif bien connu, il officie comme chroniqueur sur plusieurs plateau-télé de la capitale. Très critiques sur les questions de gouvernance du domaine sportif au Burkina, ses sorties ont toujours rimé avec des révélations, suscitées des vagues, mais aussi des polémiques. Nous avions été à sa rencontre le 13 janvier 2023 au siège de son journal au quartier Hamdalaye de Ouagadougou. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, il a été question du bilan sportif de l’année 2022, de la crise à la FBF, du CHAN 2023 qui se tient actuellement en Algérie et  bien d’autres questions.
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Moussa RAMDE directeur de publication de Cs médias, Un journal en ligne spécialisé dans le traitement l’actualité sportive et culturelle.

Yirimedia (Y.M) : Quel bilan sportif pourriez-vous faire de l’année 2022 qui vient de passer ?
Moussa Ramdé (M.R) : tout d’abord merci pour ce temps d’antenne, bonne et heureuse année 2023 à tous. L’année, 2022 a été riche en informations, que ce soit sur le plan positif ou négatif. On peut noter beaucoup de choses, la presse a été beaucoup servi. A commencer par la CAN 2021 au Cameroun où le Burkina Faso en tant qu’outsider a surpris tout le monde parce qu’on n’était pas parmi les favoris, mais qui est sorti quatrième. Je pense que c’était une des informations les plus pertinentes du sport. Vous avez vu que le pays traversait déjà la crise sécuritaire avec les histoires de coup d’état et l’insécurité qui gangrène le pays. Mais la performance des Étalons a été une bouffée d’oxygène et un ouf de  soulagement pour le peuple Burkinabé. Et aussi la qualification des dames à la CAN féminine pour la première fois dans l’histoire du Burkina Faso toujours sur le plan positif. Au côté négatif, je pense que c’est tout ce qu’on a traversé comme crise au sein de la FBF (Fédération Burkinabè de Football) qui était au cœur de l’actualité. Je pense que beaucoup ont tiré des leçons parce que ça n’a pas été une bonne image pour le Burkina Faso. Un pays que tout le monde devrait s’unir et s’entendre pour pouvoir évoluer au lieu des divisions et des mésententes. Je pense vraiment que cette crise-là, c’est à oublier rapidement. Après la négociation des médiateurs, je pense que tout fonctionne normalement. L’un des côtés négatifs aussi, c’est la question du stade du 4 août qui était promise depuis longtemps, mais on n’y arrive pas. C’est aussi le coup de cœur des Burkinabé et ça été le côté sombre puisque ça jouer sur la performance des étalons qui était obligé de jouer ailleurs à chaque fois et je pense que cette question, il faut le résoudre rapidement.

Y.M: sur la question de FBF, vous aviez été très critique là-dessus, on remarque que vous vous prononcer plus cette question, est-à-dire que tout est rentré dans l’ordre ou ce sont les points sur lesquels vous n’étiez pas d’accord qui a été bien prise en compte ?

M.R: Aujourd’hui, si ceux qui se bagarraient ont décidé d’arrêter, on ne va pas passer le temps à parler de ça. Aujourd’hui, si ceux qui se bagarraient ont décidé d’arrêter, on ne va pas passer le temps à parler de ça. C’est parce qu’il y avait la bagarre que nous on parlait de ça. Je ne peux pas dire que tout est parfait là-bas. J’ai toujours dit qu’il faut un bon chauffeur pour conduire là même si le véhicule ça ne va pas trop on change les roues ça peut aller. Mais même si vous avez un bon véhicule et que le chauffeur n’est pas bon, Vous avez toujours un problème. Ici, je fais référence au président de la FBF M. Lazare Bansé. Je pense qu’il a compris beaucoup de choses et il s’est ressaisi. A l’assemblée générale de Koudougou, il a affirmé je cite ” je reconnais que je n’ai pas été tendre, j’ai eu des insuffisances mais vous aussi vous avez eu des insuffisances. Donc repartons sur de nouvelles bases” fin de citation. Je pense que cette déclaration a été très importante parce si aujourd’hui ça va c’est que chacun a mis de l’eau dans son vin. Pour le moment  je ne sais pas si c’est s’entendre pour bien faire ou pour mal faire. Mais ce qu’on peut déjà noter, c’est qu’il y a un travail qui est fait. Donc le journaliste ne va pas aller chercher à mettre de l’huile sur le feu et dire ce qui n’existe pas.

Y.M: Beaucoup pensent que vous bossez pour un camp dans la crise qui divisait les responsables de la FBF, quel commentaire ?

M.R: Je pense que ceux qui disent ça  c’est des gens qui ne comprennent rien. Nous, nous sommes des consultants, des analystes, dès qu’on nous pose des questions sur notre avis, on est libre de donner notre point de vue sans pour autant être gênés par qui que ce soit. Moi en tant j’ai la liberté de donné mon opinion quitte à ce que ça soit diversement apprécié. Mais dire que nous sommes manipulés par quelqu’un, c’est insulter la liberté d’expression que nous avons. Maintenant bosser pour un camp, je pense que si mes arguments vont en faveur d’un camp, qu’il en prenne comme il veut. Si ce n’est pas en faveur de quelqu’un tant pis. Ce qui est honnêtement, je donne mon point de vue. Quand le président Bansé a fait sa déclaration à Koudougou, j’étais le premier à aller le féliciter. C’est pour dire que lorsqu’on fait du bien moi honnêtement, je reconnais. Mais quand je juge que ce n’est pas bien fait aussi vous ne pouvez pas m’empêcher de dire. Ceux qui se sont fait cette illusion ne comprennent pas.


Y.M : Est-ce que vos critiques ne vous créent pas des soucis souvent sur le terrain ?

M.R : Bien évidemment, beaucoup de soucis d’ailleurs. Puisqu’on est très souvent mal vu, et privé de beaucoup de choses. Parce qu’on critique. Et même entre collègues souvent c’est à couteau tiré. Parce qu’on pense qu’il est de tel camp. Moi il y a des gens qui viennent me raconter beaucoup de choses. Mais les prises de position, je les assume et je ne crains absolument pas. Ce que je suis en train de faire, c’est pour faire avancer le foot Burkinabè. Le reste je suis pas forcément dans ces débats inutiles.

Y.M: Le CHAN est en cours au niveau de l’Algérie, Le Burkina Faso n’est pas au rendez-vous. Que vous inspire cette situation ?

M.R : Effectivement, le CHAN se déroule sans le Burkina Faso qui a été éliminé aux tirs au but par la Cote d’ivoire, c’est l’un des cotés sombres aussi du football burkinabé en 2022. C’était dans une période très difficile parce que les Etalons locaux jouaient les éliminatoires sans salaire, il y’avait des conditions de préparation difficiles, tout ça à cause de la crise qui existait au sein de la FBF. Donc vous voyez si on s’était indigné par cette crise on n’en serait peut-être pas là. Le CHAN est une compétition locale que les joueurs locaux doivent se mettre en évidence. Beaucoup de joueur se sont illustrés à travers le CHAN. Il y a Mohamed Lamine OUATARA, Ismaël OUEDRAOGO, Babayouré SAWADOGO, Cyrile BAYALA qui ont joué le CHAN en Afrique du sud. Le Burkina est un pays ou le championnat se joue régulièrement, on a un bon championnat même s’il y a beaucoup de choses à revoir. C’est peut-être un manque de préparation, de moyen. Pour moi c’est un échec sur le plan national, sur le plan organisationnel.

Y.M : La prochaine étape dans le parcours des Étalons, ce sont les éliminatoires pour la CAN 2024 en Côte d’ivoire, comment vous entrevoyez leurs matchs ?

M.R : Moi je pense qu’on est en train de réaliser un très bon parcours. On a déjà deux victoires et si on remporte les deux prochains matchs face au Togo on va se qualifier. Ce que je crains, c’est que quand on prend l’histoire des étalons, toutes les fois qu’on s’est qualifié avant la dernière journée, on a du mal à tenir dans les phases finales. En 2010 on s’est qualifié très tôt et on est sorti au premier tour. C’est le cas aussi en 2012, et en 2015. Mais en 2013 on s’est qualifié in extremis à la dernière journée, on a joué la finale et aussi en 2017 et en 2021. Dès qu’on se qualifie tôt, on se dit que l’équipe est bien et on part sortir en phase de poule parce qu’on dort. Sinon nous sommes sur le bon chemin et je pense qu’aujourd’hui si on se met au sérieux et au travail on peut jouer contre n’importe quelle équipe de l’Afrique. Prenez le Maroc qui a joué la demi-finale de la coupe du monde on a défié le Maroc ils ont eu des difficultés avec nous. On a vu nos matchs contre le Sénégal, le Cameroun. Le Burkina a une équipe pour aller chercher la CAN. Maintenant est-ce qu’on s’est préparé psychologiquement pour ça ? Il faut que on parle le même langage.

Y.M : Dango OUATARA, c’est désormais le nom sur toutes les lèvres des amoureux du football au Burkina Faso, qu’est-ce qu’il lui faut pour arriver au sommet ?

M.R : Vous savez quand je regarde les réseaux sociaux l’euphorie autour de ces jeunes ça me fait rire. Les gens ont une mémoire courte, on a eu beaucoup de jeunes comme ça, qui se lèvent et enflamment toute l’Europe en une courte durée. Vous avez vu Lassina TRAORE qui a même marqué un quintuplé avec le Chakhtar, il y a eu Assane BANDE. Je pense que c’est bien et je les comprends car on a soif d’un talent, d’une star on a besoin. On veut que chaque week-end on parle d’un compatriote burkinabè. On a besoin d’un MANE, d’un DROGBA, d’un ETO’O d’un SALAH au titre Burkinabé. C’est pour cela dès qu’on va une germination d’un talent on est déjà dans l’éphorie. Aujourd’hui la question c’est : qu’est-ce qu’on doit mettre au tour de Dango comme encadrement pour qu’il arrive au même titre que ces derniers. Et Dango lui-même qu’est-ce qu’il veut ? est ce qu’il rêve de devenir comme les Sadio MANE. Je pense que la première des choses, c’est Dango OUATARA même qui doit prendre conscience et dire qu’il peut, et nous burkinabé aussi nous devons l’accompagnés en lui disant qu’il doit être Dango OUATARA qui pourrait inspirer des jeunes d’autres pays. Sinon je pense que c’est un bon joueur qui a vraiment d’avenir.  

Y.M : Championnat national, à la 16ème journée c’est L’As Douane qui est leader, que pensez-vous du niveau d’ensemble du championnat burkinabè cette saison ?

M.R: Moi vraiment le championnat de cette année ne m’attire pas. Pas parce que le niveau a baissé. Moi je suis innovateur quand je pars et je vois toujours la même chose je suis gêné. Pour moi chaque année on doit avoir des changements et c’est ce qui manque à notre championnat. On ne change pas de rythme, on ne change pas la manière de faire et pourtant si c’est comme ça, ça ne donne pas envie de regardé. Ce qui est déjà fait c’est bon parce que chaque weekend end ça joue, on respecte le calendrier mais je pense qu’on doit apporter un plus chaque année. Vous cette année la LONAB s’est retirée et quand tu pars au stade il y’a pas l’embellissement pas de spot publicitaire etc… C’est vrai que cette année la ligue a fait des programmes, les concepts du samedi foot etc…qu’il faut saluer mais ça reste insuffisant. 

Y.M : Mais au niveau du journalisme sportif, qu’il faut faire pour tendre plus au professionnalisme et ne plus envier certains pays de la sous-région ?

M.R : Toute chose je pense que c’est la motivation. La question que chacun doit se poser c’est est-ce que ma motivation c’est se contenter à être journaliste juste pour avoir un salaire à la fin du mois pour juste nourrir ma famille et dire que je suis Journaliste je sors à la télé avec mes vestes et c’est tout. Si c’est le cas les grands journalistes sportifs n’ont pas fait ça. Ils ont rêvé grand, ils sont allés d’abord à la conquête de leurs pays d’origines, ensuite de l’Afrique et enfin du monde entier. Mais malheureusement ici il suffit d’être dans un journal de la place et on se joue la star. Donc il faut des motivations de longue durée.

Jacob OUEDRAOG0

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