Carême catholique : Ce qu’il faut comprendre selon l’abbé Valéry Sakougri.

I. Sens originelle du carême

Le mot carême est une déformation française du mot « quarantaine ». Il vient du latin quadrasima qui signifie simplement quarante. Ce mot n’a, par lui-même, aucun lien avec l’idée de jeûne, comme on le dit, hélas et malencontreusement dans certaines langues.

II. Ce qu’il faut éviter :

1. On ne dit pas le mois de carême. C’est un non-sens. Le carême dure 40 jours et non 30 jours (un mois).

2. On ne définit pas exclusivement le carême par le jeûne : c’est très réducteur.

3. Il n’existe pas de carême musulman. Nos frères musulmans ne font pas de carême car ce mot, en plus, de dire 40 jours, est intrinsèquement lié à Pâques. Il est un temps de préparation à la fête de Pâques, alors que l’islam ne célèbre pas la Pâques de Jésus.

Illustration

III. Comment on compte les 40 jours du carême ?

Les 40 jours se comptent à partir du mercredi des Cendres jusqu’au samedi saint (la veille de Pâques), sans les dimanches.

IV. Sens spirituel du carême : pourquoi 40 jours ?

Le carême, ce sont les 40 jours que l’Église nous offre pour nous préparer à célébrer dignement la fête de Pâques. Pourquoi ce chiffre 40 ? Parce que ce chiffre a une signification religieuse et symbolique dans la Bible. Quand, dans l’histoire du peuple élu, une période est marquée par le chiffre 40, cela veut dire que cette période contient ou exprime un message de Dieu. Prenons quelques exemples :

1. Dans le livre de la genèse précisément dans l’histoire du déluge, la pluie serait tombée pendant 40 jours et que la décrue a duré également 40 jours.

2. Quand Moïse libère le peuple d’Israël de sa servitude en Egypte, et le conduit au désert, on nous apprend que le peuple a du y rester pendant 40 ans.

3. Au cours de la longue marche au désert, Moïse séjourne deux fois au sommet du mont Sinaï pendant 40 jours et 40 nuits.

4. Quand Elie, chassé par la haine du roi Achab et de sa femme Jézabel, part en voyage vers le mont Horeb, qui est le Sinaï, on nous dit qu’il marche pendant 40 jours. Preuve que le chiffre 40 a une valeur symbolique et nullement mathématique car du lieu d’où il est parti jusqu’au Sinaï, 3 ou 4 jours de marche suffisent.

5. Dans l’histoire de Jonas, on nous dit que celui-ci doit inviter les gens de Ninive à faire pénitence pendant 40 jours pour que Dieu puisse pardonner leurs péchés. Lorsque Jésus avant de commencer son ministère de prédication va au désert pour y affronter son ennemi Satan, on nous dit qu’il y demeure 40 jours.

6. Il y aura d’ailleurs une autre quarantaine de jours après la résurrection jusqu’à l’ascension du Seigneur, le jour où il apparaît à ses disciples pour la dernière fois avant de se rendre invisible à leurs yeux.

Chacune de ces périodes marquées par le chiffre 40 comporte toujours deux aspects : un aspect douloureux : une pluie torrentielle et la

destruction de villes et de végétation ; privation de nourriture, solitude, sécheresse, danger du désert, jeûne de 40 jours ; voyage solitaire et persécutions ; pénitence et lamentations ; tentations et attaques de l’ennemi. Mais aussi un aspect lumineux : la protection de Dieu dans l’arche de Noé, l’intimité divine et les noces spirituelles entre Israël et son Dieu, au cours des 40 ans de séjour au désert, le don de la Loi et de la présence de DIEU dans la tente, l’apparition de Dieu à Elie dans la brise légère, le pardon de Dieu et le salut des ninivites, la longue prière de Jésus au désert, alors que les anges le servaient, affirme Marc, et que les bêtes sauvages entouraient paisiblement le fils de Dieu pour le protéger.

De plus, chaque fois aussi, au terme de cette période de 40 jours ou 40 ans, un temps nouveau s’ouvre : celui d’une alliance cosmique marquée par l’arc-en-ciel après le déluge, l’entrée dans la terre promise, le don de la Loi à Moïse, une mission nouvelle pour Elie, la réconciliation de Ninive avec Dieu, le ministère public de Jésus qui peut commencer.

Voilà le sens spirituel du carême.

 

Comme le carême biblique, les 40 jours de notre carême liturgique devra comporter des éléments quelque peu douloureux : certaines privations, le repentir de nos péchés, la lutte contre nos tendances mauvaises, une plus grande générosité à donner de nos biens matériels aux pauvres, une discipline de vie plus austère.

Mais il y aura aussi des aspects lumineux : une écoute plus attentive de la parole de Dieu, un temps plus long consacré à la prière, à l’oraison, à l’intimité avec Dieu, l’accueil du pardon de Dieu…Et le carême aboutira à notre renouvellement spirituel avec la fête de pâques.

Abbé Valéry SAKOUGRI

Paroisse de Pabré, Aumônier national de la jeunesse Catholique du Burkina Faso

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