La Fédération burkinabè de Football a pris le 12 février 2022 dernier, la décision de ne reconduire le contrat de l’entraîneur des Étalons et de ses adjoints.Cette décision a fait donc beaucoup jaser dans le monde sportif burkinabè.Dans cet entretien, Moussa Ramdé , journaliste sportif à CS Médias,exprime son mécontentement face à cette décision de non-reconduction et donne aussi son appréciation sur le parcours des Étalons à la CAN 2021 au Cameroun
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Yirimedia(Y.M) : En tant que journaliste ,vous aviez été au Cameroun,vous aviez suivi de près tout le parcours de l’équipe nationale.Quel bilan vous tirez de de cette participation à la CAN 2O21 ?
Moussa Ramdé(M.R) : C’est un bilan passable dans l’ensemble. Parce que quand je fais l’analyse sur la participation des Etalons, dans la forme je peux dire qu’on pourrait se satisfaire du fait qu’on a pu occupé la 4ème place sur 24 équipes. Mais dans le fond, je dirais que c’est là-bas le côté qui n’a pas marché parce qu’on va se rendre compte qu’on a cas même pu atteindre les demi finales pour beaucoup de facteurs.Mais en terme d’animation de jeux, en terme de fond de jeux il y’a beaucoup d’éléments techniques à relever. Je peux donner en termes de de fond de jeux au moins une note de 5/10 vu que ça n’a pas été totalement ça, ça n’a pas été totalement parfait. Maintenant au niveau de la forme, on peut dire qu’on a pu atteindre une demi-finale de la CAN.C’est honorable donc à ce niveau et je peux dire que le bilan est assez satisfaisant, même si à la dernière journée on a vu cette défaite catastrophique et inexplicable de la part de cette équipe du Burkina Faso.
Y.M:Est-ce que le Burkina Faso méritait pas mieux que cette 4ème place au vu leurs performances de l’équipe ?
M.R : Je pense que parmi les équipes qui ont participé à cette CAN, nous avions quand même l’une des plus belles équipes parce qu’on avait nos arguments qui n’étaient pas encore connus au par avant. C’était une équipe difficile à jouer, puisque quand vous ne connaissez pas les armes de l’adversaire, vous avez du mal pour préparer votre équipe à contrer cette formation. Je prends l’exemple du Sénégal, de la Côte d’Ivoire voir le Cameroun, ils ont des grands joueurs où quand vous allez les affronter, vous aviez une idée de qui vous avez à faire. Lorsque vous affronter le Sénégal par exemple, vous saviez que vous aurez affaire à Sadio Mané, à Gana Gueye, à Aliou Ciss même Mendy. Contrairement au Burkina Faso nous n’avions pas ces grandes stars. Du coup, on avait la possibilité de surprendre les équipes à tout moment. Prenons l’exemple de Blati Touré qui sort de nulle part, on ne sait même pas dans quel club il joue. Il part en CAN sans club mais il arrive à faire une prestation excellente et élu trois fois homme de match. Vous prenez Issa Kaboré, Tapsoba également, vous prenez Adama Guira qui joue en 3ème division. C’est quand même une équipe un peu cachée mais qui a des armes très efficaces pour rivaliser contre n’importe quelle équipe. Pour moi l’équipe du Burkina avait son mot à dire. J’avais même pronostiqué depuis longtemps que la finale ce serait Burkina contre l’Égypte.Parce que je voyais la force des Etalons, là où ils pouvaient y arrivés.Mais je pense qu’on a échoué par manque d’expérience et par faute de coaching. Pour moi ça se résume par ces deux aspects.Je ne dirais pas qu’on méritait plus que parce qu’on a échoué avec les armes qu’on avait. Donc je pense que c’est la 4è place qui est méritée, sinon même être en finale. Mais si les ingredients étaient bien réunis, si on avait quand même un bon coaching, on pouvait franchir les demi-finales pourquoi pas revenir avec cette coupe.
YM : Vous parlez d’une faute de coaching, lors du match de classement qui a opposé le Burkina au Cameroun. Les Etalons menaient au score 3-0 à la 70e minutes où tout le monde voyait que tout était fini pour le Cameroun.À la grande surprise de tous il ya eu un renversement de situation en de faveur de notre équipe, parce que les Lions ont pu égaliser et même remporter, est-ce la faute de l’encadrement toujours ?
M.R : Kamou Malo ce n’est pas ce jour-là qu’il a failli, il avait déjà failli lors de plusieurs matchs. C’est un bon coach, je ne le blâme pas. Il est très bon mais il a montré ses limites, il a montré qu’au delà de faire sortir un onze de départ il avait des insuffisances à réagir face à une situation. Lorsque vous menez au score, lorsque vous avez un acquis les grands coachs réagissent face aux obstacles qu’ils vous aviez croisés.Il est très facile de composer un onze de départ pour affronter votre adversaire mais les grands coachs c’est à la seconde partie qu’on les reconnait. C’est à la seconde période que vous deviez opérer des changements pour répondre face à l’adversaire, malheureusement si vous aviez remarqué tous nos matchs on été gagné en première mi-temps. En seconde période, on souffre pour gagner, c’est vrai que d’autres diront qu’on a un problème de physique. Cela peut s’expliquer mais je pense que malgré tout, le coaching devrait jouer son rôle parce que si vous savez que vos joueurs n’ont un aspect physique endurant, il faut trouver des répondants pour pouvoir trouver une solution à cela, et le dernier match en est un exemple très clair. Lorsqu’on sait que cette équipe physiquement ne tient pas en seconde période et que l’équipe a joué la demi-finale face au Sénégal où elle a tout donné à l’espace de trois jours, on savait qu’en seconde période le match sera un peu difficile pour les Étalons d’où l’équipe du Cameroun avait réservé ses armes pour répondre à l’équipe du Burkina Faso en seconde période. J’attendais à ce que Kamou Malo puisse avoir un remplacement conséquent dès la 60e minute.Malheureusement il n’a pas été capable de faire un remplacement pour répondre aux assauts des camerounais, puisque dès la seconde période il y avait Vincent Aboubacar et Toko Ekambi qui se préparaient pour entrer dans le jeux, donc je pense que le match face au Cameroun pour la 3e place, c’était un match qui a montré et qui a confirmé que Kamou Malo avait des limites en termes de coaching. Il n’arrive pas a opérer des changements pour terminer les matchs, je pense donc que le dernier match a été une confirmation de tout ce qu’on disait de lui.
YM: Comment vous analysez la décision de la Fedération Burkinabè de Football de ne pas reconduire le contrat de Malo et ses adjoints ?
M.R : Je ne m’attendais pas à ça. C’est vrai que je fais partie de ceux qui ont critiqué le manque d’expérience, les insuffisances tactiques de Kamou Malo. Mais je ne proposais pas comme solution de le limoger. On vient de finir la CAN donc il fallait attendre que l’encadrement nous livre son bilan, qu’est ce qui a marché, qu’est qui n’a pas marché, qu’est ce qui faudrait faire et ensuite voir en fonction des défis que nous avons, est ce que Kamou Malo sera capable de les relever ou bien, faudrait changer de coaching. Ce bilan n’est pas encore fait donc on ne peut pas se précipiter dire qu’on va renouveler ou pas. Je pense que c’est pas le bon moment, maintenant cela est déjà fait. Je fais parti de ceux qui pensent que Kamou Malo devrait être reconduit.Je trouve que c’est un coach novice dans le domaine ,il a fait ses armes, il a montré ses limites. Pour moi on devrait lui donner la chance en reactivant les moyens pour qu’il puisse avoir les conditions nécessaires pour travailler. Personnellement je pense qu’on pouvais trouver un coach pour seconder Kamou Malo parce que quand vous regardez son système il lui manquait un système tactique répondant face à une situation donnée.C’est dire qu’il n’est pas spontané. Quand vous prenez le match contre le Gabon, à la seconde période le Gabon gagne un carton rouge, le coach gabonais change son système de jeux. Normalement notre encadrement devrait trouver un répondant pour à ce dispositif de jeux puisqu’il était en supériorité numérique, malheureusement il ne l’a pas fait et le Gabon a égalisé malgré son infériorité numérique. Tactiquement notre entraîneur a un problème mais il fallait lui trouver soit un adjoint pour le seconder ou bien le mettre comme un entraîneur adjoint pour qu’il continue d’apprendre et mettre en pratique ce qu’il a appris lors de cette CAN, on pouvait lui trouver aussi un entraîneur technique et tactique pour l’accompagner.
Y.M : Est ce que l’absence de Franck Lassina Traoré a été sentie durant cette CAN ?
M.R :Évidemment, nous avions vu qu’il manquait beaucoup à l’équipe. On n’a critiqué beaucoup la sélection avec l’absence de Mohamed Lamine Ouattarra.L’ équipe du Burkina Faso avait besoin d’un attaquant de pointe et d’un avant centre. Malheureusement, il n’a pas tenu compte de l’absence de Lassina Traoré pour sélectionner quelques avant centres de qualité notamment Mohamed Lamine Ouattarra. Je pense qu’il méritait sa place dans cette équipe. Djibril Ouattarra aussi n’a pas trop eu la chance et c’est tout ça qui fait qu’on a critiqué les insuffisances tactiques, parce qu’on peut pas avoir un avant de métier et vouloir toujours jouer avec un système qui ne répond forcément pas . Je pense que Franck Lassina Traoré est aujourd’hui irremplaçable dans cette équipe en ce qui concerne l’avant centre, parce qu’on sent toujours son absence. Si Djibril Ouattarra avait eu la chance de jouer toute cette CAN, il allait faire partie des grands artisans de cette CAN, parce que pour les quelques matchs qu’on l’a essayé, il avait des arguments à fournir, comme par exemple le match contre le Cameroun, Djibril Ouattarra a ete acteur des trois buts du Burkina. Même s’il ne marque pas, il fait toujours des appels, il ouvre et provoque des occasions malheureusement Konate avec sa grande taille n’arrive pas du tout à aller à ce niveau. Le Burkina Faso doit continuer toujours a cherché un avant centre parce qu’on ne peut pas attendre le retour de Lassina Traoré pour construire une grande équipe. On ne doit pas toujours dépendre d’un seul joueur, ça doit être un ensemble et je pense que dans ce pays là il y a quand même des joueurs qui peuvent répondre à cela, je pense à Mohamed Lamine Ouattarra, à Cheikh Djibril Ouattarra, et même Dango Ouattarra. Il ya beaucoup d’éléments qu’on peut essayer de revoir pour bien concocter pour avoir une très belle équipe, sinon que l’absence de Lassina Traoré a réellement joué dans cette équipe.
Entretien réalisé par Inoussa COMPAORÉ et Bruno NASSA