Le 28 mai prochain se tiendra dans la capitale burkinabe,un évènement majeur du mouvement Hip Hop. Il s’agit de Hip hop nekré,qui a été pensé par un jeune pour tenter réanimer le mouvement Hip Hop et le rap au Burkina. Lui c’est Tigme Zanma, un jeune entrepreneur burkinabè qui concilie management d’artiste, élevage et vie associative. Pour faire un zoom sur ce soldat du Hip Hop, le mercredi 19 août 2020, yirimedia était à sa rencontre , à Saaba,un quartier de Ouagadougou.
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Atobine Ibrahim Ping wende Nébié de son vrai nom, il est plus connu sous le pseudonyme Tigme Zanma. Tigme Zanma, la star des réseaux sociaux au Burkina inspire plus d’un jeune sur bien de domaines.
Communicateur de formation, Tigme Zanma ou encore le créateur des concepts, est d’abord producteur et manager d’artistes musiciens, ensuite community manager, également éleveur professionnel, mais aussi leader d’association. Issu d’un père gourounsi et d’une mère moaga, l’intéressé lui-même se définit comme un cocktail ethnique.
C’est cet homme qui assure des mains de maître le management des œuvres musicales de sa majesté Askoy, l’emblématique rappeur burkinabè. Et s’il y a toujours un précurseur du mouvement HIP HOP au Burkina, Tigme Zanma en est un, il est d’ailleurs le Co-promoteur du festival Hip Hop nekré. Hip Hop nekré est un évènement culturel majeur de notre pays qui met en lumière les acteurs de ce style musical de la sous-région. Et du Hip Hop, il a tout hérité : port de débardeur américain, de pantacourt, ou encore port de lunettes, et le tout couronné par sa carrure imposante de basketteur dont la nature lui a fait grâce.
A Tigme Zanma, on doit de nombreux concepts, qui aujourd’hui sont devenus le vocable sur les réseaux sociaux au Burkina. Il y a par exemple : nekré, Ninwendé, Lokré, Yereboy que beaucoup de jeunes ont intégré dans leur vocabulaire. Son entourage dit de lui un jeune qui reflète les valeurs d’humilité, de persévérance et de loyauté.
« Tigme Zanma est plus qu’un ami, il est un frère pour moi. Je vois en lui un jeune qui se bat comme moi aussi. Il est surtout très social, à toute heure de la journée je peus le contacter pour un service » a révélé Hussein SAWADOGO dit saambiga wambi, photographe professionnel et ami de Tigme depuis l’Université.
Décrire donc ce jeune s’avère un exercice difficile et même compliqué :il est sur tous les fronts et réunit en lui des valeurs diverses et multiples.
Le secret d’une réussite entrepreneuriale :
Atobine est né entrepreneur, sommes-nous tentés de dire. Puisque dès l’âge de 14 ans, celui qui est aujourd’hui un modèle pour l’entreprenariat des jeunes, se lance dans le petit commerce. « Déjà même à l’âge de 7 ans, je ramassais les chaussures usées que Je recyclais afin de les revendre. »se remémore-t-il. Dès sa classe de sixième, le jeune Atobine perd son père, mais il n’a pas désespéré, il fait siens ces propos de saint Exupéry : « Dans la vie il n’y a pas de solutions. Il y a des forces en marche ; il faut les créer et les solutions suivent ».
Son histoire avec l’élevage a commencé depuis cette période où il a fait la connaissance des expatriés. Le jeune aux mille métiers témoigne : « A ma sixième J’ai croisé des voisins américains qui partaient dans les villages pour réparer les forages, on leur donnait des poulets, des moutons, et quand ils revenaient ils disent qu’ils n’aiment pas nos poulets parce qu’elles n’ont pas de chair, donc j’ai trouvé que c’était un business et je rachetais les poulets avec eux, pendant les fêtes je ressortais. Mes premiers clients c’était le quartier. Et ça se développe petit à petit jusqu’à ce que je croise les réseaux sociaux en 2013, qui m’ont révélé au monde ».
Pour bien de jeunes, il faut de l’argent pour commencer à entreprendre, selon Tigme Zanma cette thèse est réfutable.
‘’ Tous ceux qui ont commencé avec de gros moyens en élevage ont échoué. Parce que c’est un domaine vraiment de passion, il doit être commencé à la base même si tu as l’argent. Puisqu’il faut maitriser toute la chaine avant d’investir » a argumenté l’éleveur.
Responsable associatif et web –activiste :
Le rassembleur (traduction de son nom gourounsi ‘’Atobine’’), avec d’autres web activistes ont mis sur pieds une association dénommée Lokré. Lokré, une expression en mooré qui veut dire réussite, se veut un souhait mais sonne surtout comme un défi de réussir pour la jeunesse battante qu’ils sont.
Cette association regroupe des jeunes issus de différents milieux socio-professionnels qui se sont connus à travers les réseaux sociaux. L’association a pour but d’aider ses membres à faire prospérer leurs activités entrepreneuriales.
Le réseau social Facebook est l’outil de travail des membres de l’association Lokré, il leur permet de vendre leurs produits et de faciliter des rencontres
Tigme à la jeunesse de son pays
Coté musical, il suggère aux jeunes artistes de s’attacher les services d’autres jeunes parce qu’ils se comprennent mieux.
« Au tout début beaucoup veulent forcement l’accompagnement de managers déjà connus, pourtant c’est un monde délicat, il faut s’entourer des personnes en qui tu as confiance. Entre jeunes, on a les mêmes manières de fonctionner, les mêmes visions. Ceux qui pensent qu’il faut forcement les managers et producteurs prêts pour faire avancer leurs carrières, je dis que c’est une fausse déduction » a-t- il conseillé. Les artistes qui sont en vogue actuellement, sont accompagnés par des jeunes producteurs et arrangeurs. A titre illustratif, il cite Miss Tanya, Askoy, Fadeen, Hugo Boss qui s’affirment comme des valeurs sures de la musique Burkinabè.
Selon Tigme Zanma, le mal de bon nombre de jeunes est l’impatience, ils veulent sauter les étapes. Il leur recommande donc de cultiver la patience, la loyauté, et d’être méthodique pour prospérer sur le plan professionnel.
Notre héro a lui-même fait par moment un détour dans l’apprentissage de la maçonnerie et du fleurissement pour gagner sa vie. Les propos de Nicolas Boileau, « ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément » l’ont certainement influencé.